Qu'est-ce que vous remarquez par rapport aux parties soulignées du texte suivant ?
— Eh bien ! voilà justement ; de quel pays est le comte ? quelle langue parle-t-il ? quels sont ses moyens d’existence ? d’où lui vient son immense fortune ? quelle a été cette première partie de sa vie mystérieuse et inconnue qui a répandu sur la seconde cette teinte sombre et misanthropique ? Voilà, à votre place, ce que je voudrais savoir.
— Mon cher Franz, reprit Albert, quand, en recevant ma lettre, vous avez vu que nous avions besoin de l’influence du comte, vous avez été lui dire : Albert de Morcerf, mon ami, court un danger, aidez-moi à le tirer de ce danger, n’est-ce pas ?
— Oui.
— Alors, vous a-t-il demandé qu’est-ce que M. Albert de Morcerf ? d’où lui vient son nom ? d’où lui vient sa fortune ? quels sont ses moyens d’existence ? quel est son pays ? où est-il né ? Vous a-t-il demandé tout cela, dites ?
— Non, je l’avoue.
Le Comte de Monte-Cristo, Alexandre Dumas (domaine public)
Considérez ces questions :
Une phrase interrogative pose une question. Il existe trois types de questions :
Les questions totales attendent comme réponse oui ou non (ou si, peut-être, etc.). Elles sont totales car elles incluent toute l’information de la phrase (le sujet, le verbe, les compléments…), et la seule information qui manque est si la phrase est vraie ou fausse.
Les questions alternatives donnent des alternatives et attendent une réponse qui en choisit une. Comme les questions totales, elles contiennent toute l’information que contient une phrase déclarative et n’ont pas de mot interrogatif. Mais contrairement aux questions totales, elles n’attendent pas une réponse oui ou non.
Les questions partielles ont une partie de la phrase (le sujet, le complément…) qui est remplacée par un mot interrogatif. Elles attendent une réponse qui fournit cette information qui manque.
Notez que le point d’interrogation est typiquement précédé en français d’une espace insécable, comme le point d’exclamation, les deux-points, le point-virgule, et les guillemets.
Il y a trois moyens de poser une question totale en français. Ils sont grammaticalement équivalents, mais chacun est associé à un style et un contexte particuliers.
On peut formuler une question totale en ajoutant est-ce que au début d’une phrase déclarative (est-ce qu’ si le mot qui suit commence par une voyelle ou un h muet).
Est-ce que appartient à un registre familier et c’est plus commun à l’oral qu’à l’écrit.
On peut aussi formuler une question totale par inversion de l’ordre du pronom sujet et du verbe. Le verbe est lié au sujet par un trait d’union.
Poser une question par inversion est plus commun à l’écrit qu’à l’oral et appartient à un registre plutôt formel.
A la troisième personne du singulier, lorsque le verbe se termine par une voyelle, un -t- est ajouté pour faciliter la liaison.
Lorsque le sujet est un nom (propre ou commun), le pronom sujet correspondant (il, elle, ils ou elles) est ajouté pour faire l’inversion avec le verbe.
Aux temps composés, comme le passé composé, le pronom sujet est inversé avec l’auxiliaire. Le participe passé suit le sujet.
Pour la négation de l’inversion, ne précède le verbe conjugué et le négateur (pas, jamais, plus, etc.) suit le pronom.
Les formes inversées de c’est et il y a sont est-ce et y a-t-il.
On peut poser une question totale avec une structure identique à celle d’une phrase déclarative. La seule différence est la prosodie (le ton de voix monte vers la fin de la phrase).
Ce type de question appartient à un registre familier, est utilisé plus à l’oral qu’à l’écrit, et s’utilise rarement en début de conversation. C’est typiquement utilisé pour continuer une conversation, et surtout pour réagir à ce que quelqu’un d’autre vient de dire.
Les questions à structure déclarative sont souvent utilisées quand on cherche une confirmation. Si on sait déjà ce que sera la réponse mais on veut exprimer la surprise ou recevoir une explication, on aura tendance à utiliser cette structure.
On peut ajouter des expressions négatives (n’est-ce pas, non, pas vrai) à la fin de la question pour souligner qu’on cherche une confirmation.
Les questions alternatives sont formées de la même manière que les questions totales, sauf qu’elles comportent la conjonction de coordination ou.
Une question alternative peut attendre une réponse oui/non si la deuxième alternative est un adverbe négatif :
On peut aussi poser une question avec ou quoi. Alors que cette construction a la structure d’une question alternative, c’est généralement plutôt une accusation pour laquelle on demande une explication.
Les questions partielles remplacent un élément de la phrase par un mot interrogatif, qui peut être un pronom, un adjectif, un adverbe, ou un déterminant.
Quel, qui indique un choix, est un déterminant qui doit précéder un nom qu’il détermine et s’accorde avec ce nom en genre et en nombre (quelle, quels, quelles).
Lequel est un pronom qui remplace quel + nom pour indiquer un choix. Il assume le nombre et le genre du nom qu’il remplace (laquelle, lesquels, lesquelles). Avec les prépositions à et de il fait les formes amalgamées auquel (auxquel(le)s) et duquel (desquel(le)s).
Combien peut être seul ou suivi d’un nom qu’il quantifie, marqué par la préposition de.
Que devient quoi quand il est le complément d’une préposition (avec quoi, en quoi, etc.).
Les questions partielles ont les mêmes structures possibles que les questions totales (est-ce que, inversion, structure déclarative).
Pour former une question partielle avec est-ce que, mettez le mot interrogatif devant est-ce que au début de la phrase.
Si le mot interrogatif remplace le sujet de la phrase, on utilise est-ce qui au lieu de est-ce que.
Qu’est-ce que c’est que est utilisé pour demander une définition ou pour exprimer l’incrédulité.
On peut aussi mettre un mot interrogatif au début d’une phrase dont le verbe et le pronom sujet sont à l’ordre inverse.
L’inversion dans une question totale ne peut se faire qu’avec un pronom sujet. Si le sujet est un nom, on doit ajouter le pronom correspondant pour faire l’inversion. Par contre, dans une question partielle, si le verbe est conjugué à un temps simple, on peut faire l’inversion avec un nom sujet ou un pronom sujet. Si on fait l’inversion avec un nom sujet, il n’y a pas de trait d’union entre le verbe et le nom.
On peut séparer quel du nom qu’il modifie par le verbe être :
Si le mot interrogatif remplace le sujet, la manière la plus typique de formuler une question est simplement de mettre le mot interrogatif dans la place du sujet, devant le verbe (Notez que que ne peut pas être sujet dans une question à structure déclarative—il faut utiliser qu’est-ce qui).
On peut aussi utiliser une structure déclarative si le mot interrogatif remplace le complément ou une autre partie de la phrase, en mettant simplement le mot interrogatif dans sa place après le verbe. Cette structure appartient à un registre familier et est plus commun à l’oral qu’à l’écrit. Notez que le mot interrogatif que devient quoi après le verbe.
Les adverbes interrogatifs pourquoi, comment, et où peuvent aussi être mis en début de phrase, suivie d’une structure déclarative. À part Comment tu t’appelles ?, formulation courante qui utilise cette structure, ce type de question appartient à un registre très familier et n’est pas standard.
C’est possible d’inclure plusieurs mots interrogatifs dans la même question. Si deux mots interrogatifs viennent avant ou après le verbe, ils doivent être liés par une conjonction de coordination (ou, et, etc.). On peut aussi avoir un mot interrogatif devant le verbe et un autre après.
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