Qu'est-ce que vous remarquez par rapport aux parties soulignées du texte suivant ?
En ramenant Julien en prison, on l’avait introduit dans une chambre destinée aux condamnés à mort. Lui qui, d’ordinaire, remarquait jusqu’aux plus petites circonstances, ne s’était point aperçu qu’on ne le faisait pas remonter à son donjon....
En se mettant au lit il trouva des draps d’une toile grossière. Ses yeux se dessillèrent. Ah ! je suis au cachot, se dit-il, comme condamné à mort. C’est juste.
Le comte Altamira me racontait que, la veille de sa mort, Danton disait avec sa grosse voix : C’est singulier, le verbe guillotiner ne peut pas se conjuguer dans tous ses temps ; on peut bien dire : Je serai guillotiné, tu seras guillotiné, mais on ne dit pas : J’ai été guillotiné.
Pourquoi pas, reprit Julien, s’il y a une autre vie ?
Le Rouge et le Noir, Stendhal (domaine public)
Considérez ces questions :
Le langage est divisé en énoncés — des séquences de mots séparées (à l’oral) par une pause ou (à l’écrit) par un point (d’interrogation, d’exclamation…). Un énoncé accomplit une acte de langage. C’est-à-dire qu’on produit un énoncé pour faire quelque chose — pour déclarer, pour interroger, pour remercier, pour féliciter, pour saluer, etc. On peut accomplir certains actes de langage en très peu de mots : par exemple, on peut remercier en disant simplement « Merci ». Mais pour la plupart des actes de langage, on doit utiliser une phrase.
Une phrase évoque une situation. Le verbe est l’élément de la phrase qui indique le type de situation (qui peut être une action comme parler, un état comme être, une relation comme avoir…). D’autres éléments de la phrase font référence à des participants dans la situation. Le sujet est le participant principal (souvent celui qui fait l’action). S’il y a d’autres participants dans la situation, elles sont évoquées par des compléments au verbe. La phrase peut aussi comporter d’autres éléments qui décrivent des aspects de la situation comme le lieu, le temps, ou la manière.
Dans la phrase La journaliste prend quelques photos, le verbe indique le type de situation (une situation où on prend quelque chose), et le sujet et le complément font référence aux participants (la journaliste et les photos). La valence d’un verbe détermine le type de complément(s) qu’il prend et le type de sujet qu’il peut avoir.
Mais ce verbe (prend) fournit d’autres informations en plus du type de situation. Le verbe est conjugué — c’est-à-dire que sa forme reflète les informations suivantes :
On peut toujours reconnaître un verbe par sa capacité d’être conjugué — de changer sa forme pour refléter ces informations. Dans certaines situations, la conjugaison peut refléter d’autres informations comme le genre (si le sujet est masculin ou féminin) et l’aspect (comment la situation se déroule au fil du temps).
La valence d’un verbe détermine le nombre de participants (le sujet et le(s) complément(s)) et leurs fonctions dans la situation évoquée par le verbe. Chaque verbe a une valence différente, mais on peut regrouper les verbes en plusieurs catégories selon les caractéristiques de leur valence.
Les verbes transitifs ont un complément d'objet direct, c’est-à-dire un complément qui n’est pas marqué par une préposition.
Les verbes intransitifs n’ont pas de complément d'objet direct.
Néanmoins, beaucoup de verbes intransitifs prennent un complément d'objet indirect. La différence entre un complément d'objet direct et un complément d'objet indirect est qu’un objet indirect doit être marqué par une préposition. Le choix de ce marqueur (typiquement à, mais parfois de, en, pour, etc.) dépend de la valence du verbe individuel (voir Prépositions).
Plusieurs verbes (acheter, expliquer, apporter, montrer, apprendre, offrir, demander, prêter, donner, promettre, écrire, rendre, emprunter, servir, envoyer, vendre, etc.) prennent un objet direct et un objet indirect.
Beaucoup de verbes peuvent être transitifs ou intransitifs selon la phrase. Comparez le verbe parler dans ces trois phrases :
Les verbes attributifs (aussi appelés copules) sont des verbes avec un complément spécial — l’attribut du sujet. L’attribut du sujet n’est pas un participant dans la situation, mais un modificateur du sujet. L’attribut du sujet peut être un adjectif ou un autre mot (ou groupe de mots) qui décrit le sujet. Les verbes qui peuvent avoir un attribut du sujet incluent être, sembler, paraître, et devenir.
D’autres verbes prennent un complément direct et un attribut du complément qui le modifie.
Certains verbes n’ont pas de sujet dans leur valence. Ils ont donc comme sujet un pronom sans antécédent (typiquement il). Ce sujet impersonnel satisfait à la nécessité grammaticale d’avoir un sujet sans faire référence à un sujet réel.
Beaucoup de ces verbes ont un sens météorologique (pleuvoir, neiger, faire chaud/beau/froid, faire du brouillard/vent/soleil etc.).
Le verbe falloir n’existe qu’à la forme impersonnelle et exprime la nécessité ou l’obligation. Falloir peut prendre comme complément un infinitif, un nom, ou une phrase subordonnée introduite par que ; notez que le verbe dans la phrase subordonnée requiert le mode subjonctif. Falloir peut aussi prendre un complément d'objet indirect indiquant pour qui quelque chose est nécessaire.
Le sujet impersonnel il est aussi utilisé dans les construction suivantes :
La plupart des verbes peuvent entrer dans des constructions spéciales qui changent leur valence.
La construction passive met le complément direct en position du sujet. Le sujet peut être omis ou peut venir après le verbe marqué par la préposition par. Le verbe prend la forme du participe passé et est précédé par le verbe être.
Notez que le participe passé s’accorde toujours en nombre et en genre avec le sujet.
La construction médiopassive met aussi le complément direct en position du sujet. Le verbe devient réfléchi et, en contraste avec la construction passive, il n’est pas possible d’inclure le sujet. La construction médiopassive signifie souvent la possibilité (ça se fait = ça peut se faire) ou l’habitude (ça se fait = on a l’habitude de faire ça).
Seuls les verbes transitifs peuvent entrer dans les constructions passive et médiopassive. La construction impersonnelle a un sens similaire à ces deux autres mais pour les verbes intransitifs. Le sujet se met après le verbe, remplacé par le sujet impersonnel il. Le verbe ne change pas.
La forme d’un verbe change pour situer l’action (en mode, en temps, et en aspect) et pour s’accorder avec le sujet (en personne et en nombre). Le participe passé du verbe peut aussi s’accorder avec un sujet ou avec un complément direct en genre et en nombre.
La conjugaison d’un verbe est régulière si sa terminaison varie selon un schéma et son radical (la partie du verbe qui reste si on enlève la terminaison) ne change pas.
Les verbes réguliers du français se répartissent en trois classes basées sur les deux dernières lettres du verbe. Chaque classe a un modèle particulier de conjugaison.
Le mode d’un verbe indique sa relation avec la réalité. Il existe six modes en français : l’indicatif, le subjonctif, le conditionnel, l’impératif, l’infinitif, et le participe. La conjugaison selon un temps est indépendant du mode, et chaque mode peut être conjugué à des temps différents.
L’indicatif indique qu’une situation existe dans la réalité.
L’indicatif est utilisé par défaut. Si un contexte ne requiert pas un autre mode, on utilise l’indicatif. C’est pourquoi on voit l’indicatif même dans des phrases qui parlent de situations irréelles (imaginaires, supposées) ou qui posent des questions.
Le subjonctif indique qu’une situation existe dans l’attitude du locuteur — par exemple, que le locuteur veut la situation, doute de la situation, éprouve un sentiment envers la situation, voit la situation comme nécessaire, etc. Le subjonctif est typiquement utilisé dans une phrase qui est subordonnée à une phrase principale qui décrit cette attitude.
Le conditionnel indique qu’une situation dépend de la réalisation d’une condition.
L’impératif est utilisé pour donner des ordres ou des interdictions directs.
L’infinitif est une forme invariable qui évoque une situation sans la situer dans le temps ni par rapport à la réalité. L’infinitif partage certaines caractéristiques avec les noms, car il peut être le sujet ou le complément d’un verbe conjugué.
Le participe se manifeste en deux formes : le participe présent et le participe passé. Le participe partage certaines caractéristiques avec les adjectifs, car il est souvent capable de modifier les noms.
Le temps désigne le moment où se produit l’action du verbe : passé, présent, futur. Le cadre temporel d’une action est généralement établi en se référant au moment présent ; par exemple, le passé composé et le futur sont respectivement passé et futur par rapport au présent.
Cependant, certains temps établissent leur cadre temporel en se référant à un point de référence dans le passé ou dans le futur. Par exemple, le plus-que-parfait indique une action passée qui s’est produite avant la fin d’une autre action passée. Le futur antérieur indique une action future qui aura eu lieu avant une autre action future. Les actions qui se produisent avant un point de référence passé ou futur sont décrites comme étant antérieures.
La forme d’une conjugaison peut être un temps simple, en un mot (par ex. l'imparfait, le futur simple), ou un temps composé, avec un auxiliaire et le participe passé (par ex. le passé composé, le futur antérieur). Il y a aussi le futur périphrastique, qui est un temps composé du verbe aller et l’infinitif.
Voici toutes les conjugaisons verbales (sauf l’infinitif et les participes) catégorisées par temps :
passé
présent
futur
L’aspect concerne comment une situation se déroule au fil du temps, qu’elle soit au passé, présent, ou futur. Les aspects qui affectent la forme des verbes sont le perfectif et l’imperfectif.
Une situation à l’aspect perfectif est présentée dans sa totalité. L’aspect est perfectif si la situation a un début et une fin.
Une situation à l’aspect imperfectif est présentée comme ayant une complexité interne. L’aspect est imperfectif si la situation est continue, répétée, ou habituelle.
Au présent et au futur, l’aspect peut être indiqué par le contexte mais n’est pas indiqué par la forme du verbe. Au passé, par contre, des conjugaisons différentes sont associées à ces deux aspects. Si une situation au passé est présentée comme perfective, le verbe sera normalement conjugué au passé composé (ou au passé simple/passé du subjonctif). Si une situation au passé est présentée comme imperfective, le verbe sera normalement conjugué à l’imparfait. Aux temps antérieurs comme le plus-que-parfait, l’aspect est perfectif par définition.
Considérez les verbes à l’imparfait dans l’exemple suivant. Les actions décrites par pleuvait et brillaient n’ont ni un début ni une fin, mais sont continues.
Comparez cela avec les verbes au passé composé dans l’exemple suivant. Ils décrivent une série d’actions, chacune terminée avant que la prochaine commence.
De nombreuses expressions avec le verbe avoir ont un équivalent en anglais avec le verbe ‘be’ :
Notez ces autres expressions avec avoir :
De nombreuses expressions avec le verbe faire ont un équivalent en anglais avec le verbe ‘go’ :
Notez ces autres expressions avec faire :
Le verbe faire est utilisé dans la construction causative :
Le sujet de cette construction est la cause d’une action. Deux compléments sont possibles : l’entité qui accomplit l’action, et l’entité qui reçoit l’action. Si seulement un de ces compléments est inclus, c’est l'objet direct. Si les deux sont inclus, l’entité qui reçoit l’action est l'objet direct, et l’entité qui accomplit l’action est l'objet indirect.
Si les compléments sont des pronoms, ils sont mis devant faire :
La forme réfléchie de faire peut être utilisée dans la construction causative pour indiquer qu’une personne a causé une action pour son propre bénéfice.
Cette construction est parfois utilisée pour décrire des actions qui se produisent par inadvertance.
Notez que le participe passé fait est toujours invariable dans la construction causative.
Savoir et connaitre se traduisent tous les deux par ‘to know’ en anglais, mais ils diffèrent par leur valence. Le complément de savoir peut être un infinitif, une proposition subordonnée, une interrogation indirecte, ou un nom (mais pas un animé, un endroit, ou un objet concret).
Le complément de connaitre ne peut être qu’un nom, mais peut être un animé, un endroit, ou un objet concret.
Malgré ces différences, savoir et connaitre peuvent parfois prendre le même complément. Dans ce cas, il est possible de voir la différence de sens entre les deux verbes. Savoir évoque le fait d’avoir en tête des informations ou des faits. Connaitre évoque le souvenir ou l’expérience. Comparez ces deux phrases :
Les verbes porter ‘to wear, to carry’ et mener ‘to lead’ ont plusieurs formes dérivées qui ont des sens similaires : apporter, amener, emporter, emmener, remporter, ramener. Tous ces mots s'emploient avec le sens 'bring, take'. Prescriptivement, les verbes en -porter prennent une chose comme complément direct, alors que ceux en -mener prennent une personne comme complément direct. Aussi prescriptivement, apporter et amener soulignent la destination (comme apporter un repas pour une soirée), emporter et emmener soulignent le trajet (comme emporter des chips pour manger en route), et remporter et ramener soulignent un retour (comme remporter un livre que l'on avait emprunté). Cependant, tous ces mots sont utilisés de façon assez interchangeable.
Emporter a aussi un sens spécial dans le contexte des restaurants (la nourriture à emporter 'to-go food'). Remporter a aussi le sens de gagner.
Partir est intransitif, alors que quitter est transitif.
Ne confondez pas partir ‘to leave’ et sortir ‘to go out, exit’. Ne confondez pas quitter ‘leave [someone or someplace]’ et laisser ‘leave behind [someone or something]’.
Sortir peut prendre un complément direct (si on retire quelque chose d’un sac, par exemple).
This content is provided to you freely by Ensign College.
Access it online or download it at https://ensign.edtechbooks.org/grammaire_ouverte/verbes.