Dans ce chapitre et ceux qui suivent, on va parler de la structure des phrases. Il faut donc savoir exactement ce que c’est. Une phrase est une séquence de mots qui comprend un sujet et un prédicat. Un prédicat se compose d’un verbe et des autres éléments qui complètent le sens de l’action, alors qu’un sujet indique l’entité qui fait l’action. Par exemple, « Il dort. » est une phrase complète, car il y a un sujet (Il) et un prédicat simple avec seulement un verbe (dort). La phrase complexe « Je mange une pomme qui coûtait cher. » se compose de deux phrases : a) Je mange une pomme, et b) qui coûtait cher. Chaque phrase dans ce deuxième exemple a son propre sujet (Je, qui) et son propre prédicat (mange une pomme qui coûtait cher et coûtait cher).
Il y a un type spécial de prédicat dont le verbe s’appelle une copule. La copule principale en français est le verbe être. Un verbe copule fait lien entre le sujet et une qualité, un état ou un attribut du sujet. Quand on dit Marie est fonctionnaire, le verbe copule indique une relation égale entre Marie et fonctionnaire, tout comme on disait Marie = fonctionnaire. Comme on voit dans les exemples de (4), d'autres verbes copules fonctionnent bien dans ce même exemple, mais le verbe copule n'exprime plus une simple relation d'égalité entre le sujet et l'attribut/l'état :
4) a. Marie est fonctionnaire.
b. Marie devient fonctionnaire.
c. Marie reste fonctionnaire.
Vérifier votre compréhension
Vous avez déjà vu qu'une phrase n'est pas seulement une séquence de mots sans relations entre eux : quelques mots se mettent ensemble pour servir de sujet et d'autres pour servir de prédicat. Quand un mot ou un groupe de plusieurs mots a un rôle identifiable dans une phrase, il s'agit d'un constituant (Carnie 2011).
On peut se servir d'un seul nom propre pour remplir le rôle de sujet dans une phrase. Par exemple, dans la phrase (1a), ci-dessous, le mot Papi est un constituant qui sert de sujet. Mais un constituant de sujet peut aussi comprendre plusieurs mots, comme on voit dans (1b), ci-dessous.
1) a. Papi me dérange.
b. Papi et ses collègues me dérangent.
Est-ce que le mot me dans les deux phrases fait partie du sujet ou du prédicat ? Nous savons qu’il fait partie du prédicat parce qu’il est l’objet du verbe. Mais dans d'autres cas les frontières d'un constituant ne sont pas aussi faciles à identifier. Nous pouvons employer des tests pour trouver les constituants dans une phrase.
Considérons la phrase suivante : « La vieille planque la cache. » Cette phrase est ambigüe car il y a deux manières de l'interpréter :
2) a. La vieille planque la cache.
'The old woman hides the stash.'
b. La vieille planque la cache.
'The old shelter conceals her.'
Pour arriver au sens exprimé dans (2a), il faut que les mots La et vieille fassent partie d'un constituant (c.-à-d., le sujet) qui est distinct du constituant qui comprend les mots planque, la et cache (c.-à-d., le prédicat, où planque sert de verbe). Pour arriver au sens exprimé dans (2b), il faut que les mots La, vieille et planque fassent partie d'un seul constituant (le sujet) et que les mots la et cache servent de prédicat dans un autre constituant distinct. Les deux phrases peuvent sembler identiques, mais la manière dont on définit et délimite leurs composants change considérablement le sens.
On peut se servir de quelques tests pour déterminer si un mot ou une séquence de mots représente un constituant ou même si un mot fait partie d'une catégorie grammaticale particulière. En voici quelques tests communs :
3) a. La vieille planque la cache et la carte.
'The old woman hides the stash and the map.'
b. La vieille planque la cache et la protège.
'The old shelter conceals and protects her.'
Si on veut démontrer que la cache sert de prédicat, comme dans (2b), et non d'objet, comme dans (2a), on peut coordonner la cache avec un autre prédicat similaire (par ex., la protège), comme on voit dans la phrase (3b) ; le résultat (3b) est grammatical et il garde le même sens du prédicat la cache que l'on voit dans (2b).4) a. Mon sac est à côté de la chaise.
b. Mon sac est devant la chaise.
5) a. Le groupe qui joue maintenant est très cool.
b. Il est très cool.
c. *Il qui joue maintenant est très cool.
Ce test peut nous indiquer que le sujet du verbe être se compose de la séquence de mots « le groupe qui joue maintenant » et non seulement des deux mots « le groupe. » Quand on substitue le pronom il à toute la séquence, le résultat (5b) est grammatical ; mais quand on essaie de substituer le pronom il seulement aux mots « le groupe », le résultat (5c) n'est pas grammatical. Donc, nous savons que touts les cinq mots « le groupe qui joue maintenant » composent un constituant qui sert de sujet du verbe principal est.
Il faut noter que certains tests ne marchent que pour certains types de constituants et que l'emploi de plusieurs tests est recommandé pour en tirer une conclusion.
La question de ce qui constitue un constituant est important quand on commence à analyser la structure et l'organisation des composants spécifiques, ce qu'on va faire dans les prochains chapitres.
Vérifier votre compréhension
On peut voir le verbe avoir dans une conjugaison composée (par ex., dans le passé composé, le plus-que-parfait, le futur antérieur, etc.) ou comme verbe principal avec ses propres compléments. En vous servant d'au moins deux tests, démontrez que le verbe avoir dans la phrase (1) n'est pas du même genre de verbe qu'en la phrase (2) :
1) Lila a perdu son chien.
2) Lila a deux frères.
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