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Dans ce chapitre, on va parler des composants majeurs de la proposition française : c'est-à-dire, le sujet, le prédicat et les composants essentiels du prédicat.
Dans ce chapitre et ceux qui suivent, vous allez voir constamment les termes une phrase et une proposition, donc parlons-en un peu. Une proposition est une séquence de mots qui comprend un sujet et un prédicat, qui se compose d'un verbe et les autres éléments qui complètent le verbe). Par exemple, « Il dort. » est une proposition complète, car il y a un sujet et un prédicat simple avec seulement un verbe, mais cette proposition est aussi une phrase. Une phrase est une séquence de mots qui comprend une ou plusieurs propositions. Par exemple, la phrase « Je mange une pomme qui coûtait cher. » se compose de deux propositions : a) Je mange une pomme, et b) qui coûtait cher. Chaque proposition dans ce deuxième exemple a son propre sujet et son propre prédicat.
Le prédicat comprend nécessairement un verbe. Le verbe est le noyau de la proposition, car c'est bien le verbe qui détermine s'il est possible—même obligatoire—de mettre tel ou tel composant à la proposition. On parle ici de la valence (qui vous sera présentée dans un chapitre futur) : chaque verbe a des besoins différents qu'on doit satisfaire pour que la phrase soit grammaticale. Par exemple, dans le chapitre dernier on a dit que certains verbes ne peuvent se conjuguer qu'à la troisième personne du singulier et seulement avec certains sujets, comme on peut voir dans les phrases de (1), ci-dessous :
1) a. Il faut qu'ils se lèvent.
b. *On faut qu'ils se lèvent.
c. *Jade faut qu'ils se lèvent.
De plus certains verbes ont besoin d'un complément auquel il peut transmettre son action. Un complément est un élément de la phrase qui suit généralement un autre élément et qui satisfait les besoins de cet autre élément. Par exemple, le verbe falloir des phrases (1) a besoin d'un complément : on ne peut pas dire simplement « *Il faut. » sans qu'il y ait quelque chose qui subit l'action du verbe. Encore un exemple : une préposition à besoin d'un nom ou d'un verbe qui le suit comme complément (cf. « Je viens de la Réunion. » ou « Je viens d'arriver. » versus « *Je viens de. » ou « *Je viens de drôle. » ou « *Je viens de rapidement. »).
Un verbe transitif a besoin d'un complément d'objet direct (COD) ou d'un complément d'objet indirect (COI) pour que la proposition soit grammaticale. Un complément d'objet direct (COD) est un élément de la phrase (typiquement un nom ou un pronom) qui subit directement l'action du verbe sans besoin d'être introduit par une préposition ; par contre, un complément d'objet indirect (COI) doit être introduit par une préposition. Par exemple, le verbe dire est un verbe ditransitif, car il a besoin d'un COD et d'un COI : « Je dis un secret à ma grand-mère. », un secret sert de COD et ma grand-mère sert de COI. On ne peut pas déclarer « *Je dis. » sans devoir indiquer ce que l'on dit et à qui on le dit. Le verbe vouloir est un autre verbe transitif, mais sa gamme des compléments possibles est plus grande : le COD dont il a besoin peut être un objet simple, comme on voit en (2a) ; ou bien son complément peut être un infinitif (2b) ou même toute une proposition (2c) ! Le verbe vouloir nécessite que quelque chose soit voulu ; si on ne fournit aucun complément, la proposition en isolation est agrammaticale (2d).
2) a. Je veux une salade.
b. Je veux manger.
c. Je veux que tu nous prépares une salade.
d. *Je veux.
e. Tu demandais qui prendrait une salade ? Moi, je veux bien.
Mais que pensez-vous de l'exemple (2e) ? Voilà, à l'écrit dans un style soutenu, on dirait plutôt « Moi, je voudrais en prendre une, s'il vous plaît. », mais à l'oral, on pourrait facilement dire ce qui est écrit en (2e) ; pourquoi ? Le verbe vouloir a-t-il un complément ? En fait, oui, il y a un complément, mais il n'apparaît pas à la surface dans la proposition elle-même ; plutôt, il est sous-jacent, qui veut dire que la notion du complément est là, mais on ne l'exprime pas ouvertement (on peut voir quelque chose de similaire dans les propositions impératives).
Un verbe intransitif ne prend pas de COD ni de COI, mais il exprime une action ou un état quand même. Par exemple, les verbes rire, dormir, voyager, etc. sont des exemples de verbes intransitifs. Comparez les phrases en (3), ci-dessous :
3) a. Je voyage souvent.
b. *Je voyage souvent un grand trajet.
c. Je voyage souvent à Tahiti.
La phrase (3a) est évidemment grammaticale, mais l'ajout d'un COD en (3b) rend la phrase agrammaticale. La phrase (3c) peut sembler mystérieuse, car le verbe a un complément qui est introduit par une préposition, mais il ne s'agit pas d'un COI : ce n'est pas un complément obligatoire, mais plutôt c'est un complément adverbial ou circonstanciel (parfois appelé un modificateur) qui exprime de l'information facultative (par ex., le lieu, le moment, la manière, etc.).
Que peut-on dire du verbe être et du nom fonctionnaire dans la phrase « Marie est fonctionnaire » ? Il n'y a pas de préposition qui introduit le nom fonctionnaire, donc est-ce qu'il s'agit d'un COD ? En fait, non. Plutôt il s'agit d'un verbe copule (ou une copule). Un verbe copule fait lien entre le sujet et une qualité, un état ou un attribut du sujet. Quand on dit Marie est fonctionnaire, le verbe copule indique une relation égale entre Marie et fonctionnaire, tout comme on disait Marie = fonctionnaire. Comme on voit dans les exemples de (4), d'autres verbes copules fonctionnent bien dans ce même exemple, mais le verbe copule n'exprime plus une simple relation d'égalité entre le sujet et l'attribut/l'état :
4) a. Marie est fonctionnaire.
b. Marie devient fonctionnaire.
c. Marie reste fonctionnaire.
Donc, le prédicat d'une proposition comprend le verbe et ses compléments (obligatoires ou facultatifs). Dans la prochaine section, nous parlerons d'un autre besoin obligatoire du verbe : le sujet.
Indiquer si l'élément souligné dans chaque phrase suivante représente un COD, un COI ou un complément adverbial :
Le sujet d'une proposition est un besoin obligatoire pour tout verbe et il indique au verbe à quelle personne et à quel nombre il faut se conjuguer. Par exemple, pour le verbe chanter, le sujet nous (sujet pluriel de la première personne) oblige la conjugaison chantons et non chante. Selon les besoins du verbe, le sujet peut comprendre un nom simple (par ex., Ce jeu est amusant.), un pronom (par ex., Il est amusant.), un infinitif (par ex., Chanter est amusant.) ou bien toute une proposition (par ex., Qu'il a essayé de passer l'examen sans se préparer est amusant.).
Certains verbes exigent un sujet impersonnel qui sert à remplir le rôle de sujet sans faire référence à aucune entité. En français, le pronom il remplit ce rôle de sujet impersonnel. Par exemple, le verbe neiger oblige que son sujet soit impersonnel : il neige (tout comme on a vu dans les phrases de (1) au début du chapitre). Si on essayait de mettre un autre sujet avec ce verbe—par exemple, je—le résultat (*je neige) serait agrammatical.
Chaque proposition a besoin d'un sujet, mais le sujet n'est pas toujours évident. Dire que les phrases impératives n'ont pas de sujet peut vous sembler séduisant, mais considérez cette question : quelle est la différence principale entre les phrases impératives de (5), ci-dessous ?
5) a. Vas-y !
b. Allons-y !
C’est une question de sujet : la phrase (5a) a pour sujet tu, et la phrase (5b) a pour sujet nous. D'habitude le sujet d'un verbe s'exprime ouvertement dans la proposition, mais pas toujours. Bien que le sujet d'une proposition impérative ne soit pas présent à la surface, il existe toujours au niveau sous-jacent pour transmettre de l'information au verbe. Donc, un verbe a un sujet, même s’il ne s'exprime pas ouvertement.
Identifier le sujet de chaque verbe souligné dans les phrases suivantes :
Identifier le sujet, le prédicat et les compléments (y compris le type de complément) pour la proposition principale dans les phrases suivantes :
Tous adultes, enfants, et animaux qui voudraient bien me déranger dans mon bureau où je serai en train de me préparer ce week-end pour l'examen final de mon cours de plongée sous-marine seront sévèrement punis.